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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/76

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blesse, malgré les louanges qu’elle leur prodiguait, et les grandes promesses qu’elle leur faisait. « Il y avait, dit M. Hilliard d’Auberteuil, moins de mécontens à Québec que partout ailleurs. C’était le siége du gouvernement, le séjour de la noblesse, l’asile des ecclésiastiques. Les prêtres menaçaient de la damnation éternelle les Canadiens qui se joindraient aux rebelles. » Selon M. Soulès, les Canadiens « irrésolus, épars sur leur vaste territoire, travaillés par le clergé, qui prévoyait la perte de son crédit dans une alliance avec les Américains, appréhendaient de subir un jour la vengeance si cruelle que l’Angleterre avait tirée de l’inébranlable attachement à la France des Acadiens spoliés et expatriés. »

Une lettre du général marquis de Lafayette, et l’attente d’une nouvelle invasion, qui en effet, ne manqua que par la défection d’Arnold, ne furent pas capables de faire revenir les Canadiens de la crainte d’éprouver le sort de leurs compatriotes d’Acadie, ou de les porter à s’écarter de la fidélité qu’ils devaient à leur nouveau souverain.

L’arrivée en Canada de M. Fleury Mesplet, imprimeur français, qui avait exercé son art à Philadelphie, fournit aux Canadiens l’occasion de faire voir qu’ils n’étaient pas aussi étrangers à la littérature et aux sciences, qu’on l’avait cru, ou feint de le croire. La proposition qu’il fit de publier une feuille hebdomadaire, fut accueillie favorablement, et le premier numéro de la Gazette Littéraire (pour la ville et le district de Montréal) parut le 3 juin 1778. Plusieurs des essais qui remplirent les colonnes de ce journal, pendant la durée de sa publication, qui fut d’une année, font honneur au jugement et au bon goût de leurs auteurs. C’était peut-être plus qu’on aurait dû attendre, quand on considère