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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/89

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pendant quelque temps encore, par le statut de 1774. Le seul acte de justice, ou de convenance, que l’on crut ne pouvoir pas refuser plus longtems aux habitans de cette province, ce fut le rappel du gouverneur Haldimand. Le moins que nous puissions dire de son administration, c’est que ceux qui l’entourraient avaient su lui persuader que les circonstances exigeaient l’exercice d’un pouvoir arbitrairement rigoureux. Pourtant, s’il se fit haïr par le plus grand nombre, comme homme public, il était, comme particulier, doué de qualités estimables. « Cet homme, dit madame de Riedesel, qu’on nous avait représenté comme intraitable, fut pour moi et mon époux un ami sincère et généreux. » Le même auteur le loue encore de son goût pour l’agriculture et pour les ornemens de l’architecture ; enfin, plusieurs des ordonnances passées sous son administration tendaient évidemment à accroître la prospérité agricole et commerciale du pays.

L’administration du gouvernement passa, ad interim, aux mains du lieutenant-gouverneur, Henry Hamilton, qui se trouvait sur les lieux. M. Hamilton avait été officier dans l’armée ; il était généralement honoré dans la province, à cause de ses qualités estimables, et des principes libéraux dont il avait fait preuve, en présence même du gouverneur général.

Le premier acte législatif passé sous son administration, en 1785, fut l’ordonnance « qui règle les formes de procéder dans les cours civiles de judicature, et qui établit le procès par jurés, dans les affaires de commerce et d’injures personnelles qui doivent être compensées en dommages ». Nous y remarquons que, « sur l’ordre du juge, le demandeur obtiendra du greffier de la cour un ordre de sommation, ou d’assignation, dans la langue du défendeur » ; c’est-à-dire en langue française, si la