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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/260

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et de contrepoids, qui fait un des traits les plus admirables de la constitution britannique, modèle de la constitution du Bas-Canada.

La chambre avait devant elle deux voies, celle de la convenance et de la raison, et celle de la violence irrationnelle, et elle se jeta, tête baissée, dans la dernière, à la persuasion de son orateur, nonobstant tout ce que put dire M. Gugy pour lui faire prendre l’autre, et malgré que M. Power s’efforçât de l’y engager, par des raisons qui nous parurent alors, et qui nous paraissent encore bonnes, mais que M. Lafontaine qualifia de frivoles. M. Morin lui présenta ; M. Papineau voulut violemment lui faire adopter brusquement[1], et elle adopta aveuglément, après d’inutiles réclamations, de la part de la minorité, une série de résolutions, dont la dernière était :

  1. M. Taché : « C’est à moi que faisait allusion M. l’orateur, je suppose, lorsqu’il a dit que des membres, dans la conversation, se disaient réformateurs, et avaient toujours en chambre quelques objections à faire à des mesures de réforme (« pas plus à vous qu’à d’autres, à plusieurs ».) Je suis ami d’une réforme raisonnable et bien fondée, mais je ne voudrais pas qu’on y allât à pas de charge. Depuis le commencement de la session, toutes les mesures ont été précipitées ; il a presque fallu les voter sans les avoir lues. »

    M. Dubord : « Je n’ai jamais dit que je serais opposé aux résolutions, et je ne crois pas l’honorable orateur en droit de dire que nous avons manqué à nos promesses, et changé de langage. J’ai dit et je répète que je ne suis pas prêt à voter sur ces résolutions, et que dans, l’intérêt de mes constituans, je dois désirer de les lire. Voilà pourquoi j’en ai demandé l’impression. »

    « Il était déplorable de voir l’orateur, lorsqu’on demande l’ajournement, afin de faire imprimer les résolutions, se lever et lancer les plus violentes invectives contre le gouverneur, le gouvernement, le conseil législatif, et le ministère britannique. Il est déplorable de l’entendre continuellement parler des difficultés créées par M. Stanley, M. Spring Rice et le comte d’Aberdeen, avec la brutalité d’un tory. Je vois malheureusement que la chambre se suicide. La chambre ne peut disposer des deniers publics sans le consentement des autres branches de la législature. Si la disposition des fonds publics était laissée à la chambre seule, elle aurait en mains un des plus puissants moyens de corruption. La chambre n’a le droit d’employer de l’argent que pour ses dépenses les plus nécessaires et les plus indispensables. Les dépenses contingentes de la chambre sont limitées par une loi. » — M. Gugy.