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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/28

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(la maison des Jésuites) où l’on cultivait autrefois les sciences avec tant de succès, et qui est aujourd’hui converti à l’usage d’un millier de militaires ? Ne semble-t on pas avoir rejeté tout sentiment d’humanité, pour ajouter l’insulte à l’injure ? »

M. Papineau s’efforce de renchérir sur les expressions sentimentales ou énergiques de M. Cuvillier. « Les justes observations de l’honorable membre, dit-il, ont dû toucher la sensibilité, déchirer le cœur de quiconque est père ou époux, et songe que la perversité d’un petit nombre d’hommes nous dépouille de biens qui nous sont destinés, dilapident des revenus qui doivent être employés à une noble et utile fin, pour les salarier, eux, les ennemis du pays, pour ajouter l’insulte à l’injure ; d’une poignée d’individus, envoyés ici pour occuper des emplois, pour retarder la prospérité du pays. Le gouvernement anglais a voulu que les biens des Jésuites fussent réservés pour leur destination primitive… Nous sommes victimes de la cupidité de quelques employés publics ; nous sommes privés d’avantages incalculables pour enrichir une lâche faction. L’Angleterre, informée de ces abus, n’a pas encore ordonné la punition de ces sangsues du peuple… Si des bayonnettes nous défendent l’entrée de nos colléges, nous serons forcés d’envoyer nos enfants dans un pays libre pour y recevoir l’instruction. Le même système inique que nous voyons adopté ici a raccourci la période où les anciennes colonies devaient cesser de faire partie de l’empire britannique. Qu’on se rappelle qu’à cette époque, parce qu’on avait cessé d’être juste, le vaste territoire des États-Unis, qui n’était couvert que de deux millions d’habitans, ne fut plus sous la domination anglaise, et dans vingt ans, les colonies britanniques de l’Amérique Septentrionale contien-