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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/306

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DU CANADA.

le tribunal qu’il lui plairait d’indiquer. Cette réclamation excita, de la part de M. Papineau, des emportemens, des expressions, et assertions si étranges qu’elles n’eussent pas été probablement entendues silencieusement si M. Gugy n’eût pas été partie principale dans l’accusation. Ce membre qui semblait s’être chargé du rôle d’accusateur public, de « procureur pour la chose publique, » comme s’exprima M. Papineau, et qui, comme ce dernier, semblait vouloir mettre en jugement, ou faire destituer tous les fonctionnaires, eût à changer de rôle, à devenir d’accusateur, défenseur, dans le cas de son père, l’honorable Louis Gugy, conseiller législatif et shérif du district de Montréal.

La chambre avait nommé, assez à propos, un comité spécial, pour s’enquérir des honoraires et revenus, perçus en vertu de leurs charges respectives, par les shérifs, les protonotaires et autres. Ce comité avait appelé par devant lui comme témoin l’honorable Gugy, et lui avait fait un nombre de questions sur les différentes sources et le montant de son revenu, la tenue de ses livres, les dépenses de son bureau. Peu satisfait de ses réponses, qui ne parurent pas s’accorder avec le livre bleu que lord Gosford avait livré à la chambre, le comité fit venir devant lui M. Francis Perry, premier clerc-commis du shérif. M. Gugy avait répondu comme un homme à qui l’on fait des. questions imprévues, qui ne soupçonne ni piège ni but ultérieur dans l’interrogatoire, ou qui attache peu d’importance à une stricte exactitude. Les réponses de M. Perry sont, au contraire, si promptes, si précises, si déterminées, qu’il semblerait avoir eu une connaissance préalable des questions qu’on avait à lui faire, et qui allaient à obtenir des réponses contradictoires à celles du shérif. Ce que M. Gugy ignorait, M.