Aller au contenu

Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et contre celui de la colonie, dans la chambre d’assemblée et hors de cette chambre, la conséquence des prémisses posées par M. Papineau et par M. Lee, dans la session précédente, elle ne laissa pas de faire une assez grande sensation, parce qu’elle était attribuée par quelques-uns à un membre de l’assemblée, parce qu’elle était à la portée des intelligences les plus communes, parce qu’elle paraissait mieux raisonnée ou mieux écrite que la plupart de celles qui l’avaient précédée, et qu’on n’y pouvait rien mettre sur le compte de la sottise ou de l’ignorance de la signification des termes. Les journalistes anglais crièrent à la trahison, les autorités menacèrent de poursuites criminelles ; mais un jeune clerc-avocat ayant réclamé l’écrit comme sien, ou en ayant pris sur lui la responsabilité, et le rédacteur ayant apporté quelque excuse ou explication, et témoigné un demi repentir, (rétracté dès que la peur fut passée), la chose en demeura là. Dans de pareilles circonstances, il était à supposer que le projet de faire croire au peuple que MM. Tracey et Duvernay l’avaient emporté sur le conseil législatif, et qu’ils en devaient triompher, aurait été abandonné, comme devenu très inopportun ; mais on n’en demeura pas moins opiniâtre, dût la pompe triomphale devenir une farce ridicule.

Le jour attendu avec impatience arriva enfin ; ce fut le 27 février. La Minerve, qui « se croyait l’hyperbole permise, se permit de dire que la beauté du temps permit à la masse entière des citoyens d’assister à la fête ». C’était exagérer plus ridiculement que ces deux voyageurs dont l’un avait vu « un chou plus grand qu’une maison », et l’autre, « un pot aussi grand qu’une église ». Peut-être pourtant la Gazette, le Herald, le Courant eurent-ils tort de trop ridiculiser