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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/112

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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

ce dieu, qu’il se sent parfaitement satisfait d’être sous le charme de sa puissance.

C'était Pierre qu’on désignait, il entrait et cherchait du regard sa fiancée. Jamais Lucienne ne lui apparut avec plus d’attraits qu’à cet instant. Vêtue d’une robe de gaze noire, dont le foncé faisait admirablement ressortir la blancheur marmoréenne de son cou, de ses bras de forme délicieuse, elle lui sembla la statue de la grâce dans cette toilette unie, n’ayant pour toute parure qu’une rose à sa ceinture et un croissant de diamants dans ses beaux cheveux bruns. La joie de pouvoir, à cette heure, revoir Pierre sans contrainte, illuminait ses traits d’une auréole de bonheur, qui la rendait plus séduisante que jamais ; plus d’un jeune homme en la regardant s’était dit à part lui : Heureux fiancé que ce M. Dugal.

Pierre, après avoir salué madame et mademoiselle Girardin, avait pris place à côté de mademoiselle Aubry et tous deux oublièrent à l’instant ceux qui les entouraient.

— Voyez, monsieur Pelletier, murmura Gabrielle avec un sourire railleur, l’expression de ces fiancés ne démolit-elle pas toutes vos théories sur l’amour ?

— Non, mademoiselle, ils n’en sont qu’au premier chapitre, ignorant encore ce que leur réserve le dieu malin. Le plus sage est de ne jamais consentir à se laisser glisser sur la pente