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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/157

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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

nue à Saint-Eustache. L’abbé Turcotte et le curé du village avaient conseillé au Dr Chénier de ne plus apporter de résistance, car tout était perdu, qu’une défaite était inévitable si l’on se battait. Chénier leur avait répondu qu’il ne croyait pas à la défaite de Saint-Charles, que d’ailleurs, il était déterminé à mourir les armes à la main, qu’il défendrait ses droits ainsi que Nelson l’avait fait.

— Je ne crains pas la mort, avait-il dit, il faut au commencement des révolutions, des sacrifices, des actes d’énergie. Si nous battons les troupes anglaises à Saint-Eustache, tout le nord se soulèvera, l’Angleterre sera forcée de nous rendre justice. Qu’importe que je meurs, si j’assure à mes frères leur liberté.

Depuis ce jour il avait tout fait pour soutenir le courage de ses hommes et leur donner confiance, cependant un grand nombre, ne pouvant se procurer des armes et conseillés par le Curé Paquin et monsieur Désève son vicaire, retournèrent dans leurs familles.

Ces départs attristèrent profondément le Dr Chénier, bien que son courage n’en fut pas ébranlé. Il songeait avec amertume à tout ce que coûterait la victoire, si l’on était victorieux ; au sort malheureux des braves gens qui le suivraient, si l’on était vaincu ; une vague crainte l’envahissait parce que ses troupes n’étaient pas aguerries comme il l’aurait désiré, qu’elles