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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/21

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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

ne doit arriver qu’à un certain degré ; l’histoire de la Tour de Babel se perpétue d’ère en ère ; dans sa présomption l’homme veut atteindre le ciel, alors les cataclysmes effroyables l’ensevelissent à jamais, pour prouver aux nations qui succèdent, qu’une force supérieure à la force humaine tiendra toujours l’équilibre des mondes.

— Possible, mais en fait de science je m’en tiens à mes auteurs.

À côté de ces deux invités se tenait le mari d’une belle femme, arrivé à cette phase fade où il s’aperçoit qu’il n’a épousé qu’une poupée sans esprit ; c’est pour lui l’heure des regrets, des dissatisfactions, des mécontentements ; c’est l’évanouissement d’une passion folle pour un être dont la beauté séduisante ne peut maintenant, dans le tête à tête, éloigner l’ennui qui l’oppresse : il sent le besoin d’échanger avec quelqu’un capable de le comprendre, ses pensées, ses opinions, ses sentiments, il voudrait, dans ces longues soirées passées au logis, entendre quelque chose de spirituel, de vif, d’animé ; il soupire après un regard qui pénètre, qui saisit, qui devine, tout cela lui manque au même instant. Il accepte avec joie les invitations du dehors pour fuir la monotonie du dedans. Son premier mouvement, en entrant dans un salon, est de chercher une physionomie expressive sur laquelle les impressions se lisent ;