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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/27

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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

chez elle, oh ! désespoir ! elle le comprend en retirant ses gants qu’elle n’a portés qu’une fois, l’annulaire et le pouce sont troués, ils étaient si parfaits lorsqu’elle les a mis ! Sa réputation est faite ; il l’a jugée paresseuse et malpropre, elle qui met tant de soins à tout bien faire. Des larmes amères, suivies depuis lors de plusieurs autres, glissent lentement sur ses joues. Alain n’est plus revenu chez elle, il évite sa rencontre autant que possible, car il éprouvait déjà pour la jeune fille une profonde admiration, qu’une plus longue connaissance aurait sans doute changée en un sentiment plus tendre. Voyez-vous maintenant monsieur, tous ces désenchantements avec les douces figures et les doux gants de soie ?

— Excellent, parfait, mademoiselle, on ne peut plus juste.

— Que vous raconte donc là ma fillette pour vous intéresser à ce point ? monsieur l’auteur, fit en approchant monsieur Girardin, on dirait vraiment que vous causez avec un diplomate.

— Mais, monsieur, mademoiselle est plus intéressante qu’un diplomate.

— Ah ! monsieur du Vallon, je me sauve, je ne veux pas que l’on se moque de moi ainsi. Mon père défendez-moi, je vous cède la place.

Et rieuse elle s’éloigna pour se joindre à un groupe de jeunes filles.

En ce moment Pierre Dugal entrait. Il