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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/47

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tre. La lune qui montait éclaira le sinistre spectacle, des pêcheurs sur la grève, mirent leur barque au large, ils saisirent en premier lieu un corps insensible montant à la surface. Plus loin les eaux s’agitaient en un tourbillon, c’était Pierre soutenant Lucienne d’un bras et faisant des efforts surhumains pour regagner le bord ; le courant l’entraînait en sens inverse, malgré tout son courage il allait périr avec son précieux fardeau, lorsque deux bras vigoureux le happèrent au passage, une voix lui cria :

« As pas peur, nous y voilà, mon fiston, le gabier a le bras fort pour tirer des alouettes comme vous autres, ah ! bigre, ils sont deux ! Tant mieux la pêche aura été bonne ce soir, n’empêche que si j’n’avais été là, mes jeunes imprudents, vous y étiez pour un bon voyage de l’autre côté des lignes. »

Tout en parlant le pêcheur avait saisi Lucienne évanouie et l’avait placée dans le fond, de sa barque, tandis que Pierre se cramponnait au bord, après quoi le généreux sauveteur aida le jeune homme à se hisser dans l’embarcation.

— Où est mademoiselle Louise, demanda Pierre aussitôt.

— L’autre créature, mon camarade l’a dans sa barque, vous avez eu une fière chance, mes perdreaux, que nous fussions à l’affût ce soir, sans nous, vous y étiez tous trois.

— Merci, merci, fit Pierre en serrant la main