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Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/73

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D’ignorance enfantine et de savoir naissant
S’échappe avec douceur et captive en passant
Tout ce qu’il peut trouver de jeunesse sensible ;
Et puis je ne sais quoi de grand et de paisible
Est empreint sur son front qu’a peuplé l’inconnu ;
On dirait le reflet d’un mirage ingénu,
Quelque chose d’étrange, une timide aurore
Disputant au soleil le fruit qui vient d’éclore.
Ses cheveux, noirs et longs, que pour derniers attraits
Embellit une rose, en anglaises de jais
Prélassent sur son cou leurs boucles amoureuses ;
Tout son être est empreint de grâces radieuses ;
En elle tout est vie, espérance, beauté,
La noblesses s’unit à la simplicité,
La candeur à l’amour, la sagesse au mérite,
La terre à l’idéal : — si bien que l’on hésite,
Quand on approche d’elle, entre un rêve menteur
Et la réalité d’un modèle enchanteur.
Jhane est son nom.



L’amant que cette enfant adore
Se nomme André. Semblable à l’instrument sonore,
Dont l’âme s’assoupit et parle avec lenteur,
Ou dit, pleine d’ivresse, un concert enchanteur,
Selon la volonté de la main qui l’inspire,
Il chante avec transport le capiteux délire