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Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/135

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ET CRITIQUE

du Tombeau, qu’il cite, et le témoignage de Du Perron, qu’il cite également (Notice sur Ronsard, p. xvi.)

Quant au fait d’avoir appris la langue anglaise, que signalent Du Perron et Binet (et Colletet qui les a copiés), on nous permettra d’en douter. Comme le fait observer Mlle Evers, op. cit., p. 119 : « C’est probablement une pure légende, car le français était parlé aux deux cours d’Ecosse et d’Angleterre, et la langue anglaise, sans tenir compte du dialecte écossais, était considérée par les Français comme une langue barbare, qui ne méritait pas la peine d’être apprise. Dans les œuvres de Ronsard il n’y a pas trace de la moindre connaissance de la riche littérature anglaise de cette époque. » Ronsard, il est vrai, a écrit dans une ode composée vers la fin de 1547 :

L’Espagne docte et l’Italie apprise,
Celui qui boit le Rhin et la Tamise
Voudra m’apprendre ainsi que je l’appris... (Bl., II, 457.)


Mais ces vers, qui ne sont qu’une transposition d’une strophe d’Horace (Carm., II, 20, vers 17 à 20), ne prouvent pas que Ronsard ait su l’anglais. Tout au plus pourrait-on en inférer qu’il s’est fait traduire durant son séjour d’outre-mer quelques pages de poètes écossais tels que Douglas ou Lindsay, de poètes anglais tels que Th. Wyatt ou Surrey, qui étaient alors en vogue (sur ces auteurs, v. Jusserand, Hist. litt. du peuple anglais, II, pp. 105-133).

P. 6, l. 3. — en France. Les raisons que J. Velliard donne de ce retour sont différentes ; l’emphase qui les dépare ne les empêche pas d’être en partie plausibles : « Verum tam angustae Scotiae latebrae tantum delphinum comprehendere non potuere, nec propinqui et familiares fructu jucundissimae consuetudinis ejus, nec principes illius colloquio, nec Rex illius praesentia diutius carere potuit. Cum itaque duodevigesimum aetatis annum ageret, suorum precibus maximisque omnium votis Lutetiam revocatus est. » (Laud. fun. I, fo 5 vo). D’après ce passage Ronsard aurait été dans sa dix-huitième année lors de son retour d’Ecosse : Velliard était de ceux qui le croyaient né en 1522, et mort par conséquent à 63 ans, « en son an climacterique » comme dit Du Perron (v. ci-dessus, p. 66).

P. 6, l. 6. — Carnavalet. Binet n’a pris ce détail relatif à Carnavalet ni dans l’autobiogr., ni dans Du Perron, ni dans Velliard, ni dans Critton ; et rien dans les œuvres de Ronsard, pas même dans l’ode pindarique Au Seigneur du Carnavalet publiée en 1550 au livre I des Odes (Bl., II, 57), ne lui permettait de faire remonter jusqu’en 1540 les relations intimes de Ronsard et de Carnavalet. Sur ce personnage, v. ci-après, p. 89.

P. 6, l. 11. — en Escosse. Ce passage a deux sources : 1o la suite de l’autobiographie :

A mon retour ce Duc pour page me reprint :
Long temps à l’Escurie en repos ne me tint
Qu’il ne me renvoyast en Flandres et Zelande
Et depuis en Escosse......

2o ces lignes de Du Perron : « ... et de là estant arrivé en France, s’en