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Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/234

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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Rire sans ris, sa face desguiser
Au front d’autruy, et je ne le veux faire,
Car telle vie à la mienne est contraire. *
Je suis pour suivre à la trace la Court
Trop maladif, trop paresseux et sourd...
(Bl., VI, 88 )


Mais ce poème parut dès 1569 dans le Sixiesme livre des Poèmes, et par conséquent fut écrit en plein règne de Charles IX.

P. 28, l. 28. — bon et sage Roy. Voir les Muses deslogées :

J’ay peu de cognoissance à sa grandeur royale...
(Bl., III, 310)


et la dédicace des Elegies (1578), devenue l’Elegie I en 1584 :

Ainsi quand par fortune ou quand par maladie
Je m’absente de vous, ma Muse est refroidie
.................
Ne faites pas vers moy ainsi qu’un mauvais maistre
Fait envers son cheval ne luy donnant que paistre
Encor qu’il ait gagné des batailles sous luy,
Lorsque la maladie, ou le commun ennuy
D’un chascun, la vieillesse, accident sans ressource,
Refroidit ses jarrets et empesche sa course.


Il est certain que le poète favori de Henri III ne fut pas Ronsard, mais Desportes, qui l’avait accompagné en Pologne et chantait ses amours. P. de l’Estoile est allé jusqu’à écrire que Henri III « ne fit jamais à Ronsard grande démonstration de faveur, ni aucun avancement » (op. cit., II, 222).

Sur une liste de pensionnaires du roi Henri III, de l’année 1577, on lit : « Me Pierre de Roussard (sic), poëte françois, XIIe l. » (Jal, Dict. crit., au mot Ronsard.) Mais cette pension de 1.200 livres, Ronsard l’avait déjà sous Henri II et sous Charles IX. V. ci-dessus, p. 132, aux mots « pension ordinaire ».

P. 28, l. 33. — regnant. Ce passage tendrait à faire croire que Binet a préparé sa troisième édition dès avant la date de la mort de Henri III (1er août 1589). Mais on ne s’explique pas qu’en 1597 il ait laissé ces trois mots « à present regnant ». Cf. ci-après, au mot « devins ».

P. 28, l. 44. — envoya. Ronsard a dédié par une longue préface en prose l’un de ses recueils à la reine d’Angleterre Elisabeth. Ce sont les Elegies, Mascarades et Bergerie, publiées en 1565 (cf. l’éd. Marty-Laveaux, VI, 446, et ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 214). Ce recueil contenait en outre trois poèmes très flatteurs, adressés, l’un à la reine Elisabeth, l’autre à son favori lord Dudley, comte de Leicester, le troisième à son secrétaire Cecille (cf. l’éd. Bl., III, 323, 391 ; IV, 382). C’est probablement en retour de cette dédicace et de ces trois poèmes que la reine d’Angleterre envoya à Ronsard ce diamant de grand prix, dont Binet est seul à parler.

P. 28, l. 48. — son Secretaire. Cette leçon, reproduite en 1604, nous semble la vraie leçon, au lieu de « le sieur de Nauson Secretaire », qu’on lit très distinctement dans les deux éditions in-fo et in-12 de