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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/10

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VOYAGE D’UNE FEMME

mets couronnés de neige qui l’entourent ont de 8 000 à 11 000 pieds d’altitude. L’air est vif et élastique. Pas un bruit, si ce n’est le son éloigné et légèrement musical de la cognée du bûcheron.

C’est une fatigue de se reporter, rien qu’en pensée, au tapage de San-Francisco, que j’ai laissé hier, de bonne heure, dans son froid brouillard du matin, en allant au bac d’Oakland, par des rues encombrées de milliers de cantaloups et de melons d’eau, de tomates, de concombres, de courges, de poires, de raisins, de pêches, d’abricots ; tous d’une grosseur étonnante, en comparaison de ce que j’avais vu jusqu’à présent. Les autres rues sont remplies de sacs de farine qu’on laisse dehors toute la nuit, la pluie n’étant point à redouter dans cette saison. Je passe rapidement sur la première partie du voyage ; la traversée de la baie par un brouillard aussi froid qu’en novembre ; la quantité de « paniers pour le lunch », qui donne au wagon l’air de transporter un grand pique-nique ; le dernier regard jeté sur le Pacifique, que j’avais contemplé pendant près d’une année ; le soleil brûlant et l’éclat du ciel dans l’intérieur des terres. Il n’a pas plu depuis longtemps, et cependant il n’y a pas de sécheresse ; les pentes des vallées sont rougies par le toxicodendron ; les vignes sont poussiéreuses, avec de nombreuses et grosses grappes pourpres mélangées aux feuilles, et, entre les vignes, de gros melons couverts de poussière reposent sur la terre poudreuse. Au mois de juin, on a transporté la récolte de ces champs sans bornes ; et, maintenant, empilée dans des sacs, le long de la route, elle attend le chargement. La Californie est « un pays où coulent