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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/107

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VOYAGE D′UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

noble avec une expression de sérieux humain et les yeux les plus fidèles que j’aie vus chez un animal. Si Jim aime quelque chose, c’est son chien ; mais il le maltraite dans ses accès de sauvagerie. Le dévouement de Ring ne fléchit jamais, et il détourne rarement les yeux du visage de son maître. Son intelligence est presque humaine, et, à moins d’ordre contraire, il ne fait attention qu’à Jim. Comme s’il eût parlé à une personne, son maître lui dit, en me désignant : « Ring, allez trouver cette dame et ne la quittez pas cette nuit. » Ring est venu immédiatement, m’a regardée, a posé sa tête sur mes épaules, puis s’est couché près de moi, les yeux toujours fixés sur le visage de Jim.

Les longues ombres des pins s’étendaient sur l’herbe gelée ; une aurore incertaine apparaissait, et le clair de lune, quoique extrêmement brillant, pâlissait près des flammes rouges jaillissant de nos troncs de pins dont la lueur rougissait tous les objets, nous-mêmes et la face fidèle de Ring. L’un des deux jeunes gens chanta une chanson d’étudiant latin et deux mélodies nègres ; l’autre, Doux esprit, écoute ma prière. Jim, d’une voix singulière, l’une des mélodies de Moore ; puis ils chantèrent tous ensemble, l’Étendard étoilé et le Rouge, le Blanc, le Bleu ; enfin, Jim récita un très-bon poëme de sa composition et nous raconta d’effrayantes histoires indiennes. Un bouquet de petits sapins argentés, loin du feu, fut le lieu où j’allai dormir. L’artiste qui avait passé là avait enlacé leurs branches inférieures de manière à former un berceau qui offrait à la fois un abri contre le vent et une retraite très-agréable. Il était jonché d’une couche épaisse de