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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/16

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VOYAGE D’UNE FEMME

donner une chambre ; mais qu’il ne pourrait m’en donner qu’une très-misérable, tout étant plein. La foule était uniquement masculine. Il était alors onze heures et demie du soir, et je n’avais point fait de repas depuis six heures du matin. Mais quand, remplie d’espoir, je demandai un souper chaud et du thé, on me répondit que je ne pouvais avoir à souper à cette heure-là ; cependant, au bout d’une demi-heure, le même homme revint avec une petite tasse de thé faible et froid et une petite tranche de pain qui avait l’air d’avoir été tripotée. Je m’enquis auprès du nègre factotum du prix de location des chevaux, et bientôt arriva un homme qui, dit-il, pouvait me fournir ce dont j’avais besoin. Cet homme, vrai type de pionnier de l’Ouest, salua, se jeta dans un rocking-chair, tira près de lui un crachoir, se coupa une nouvelle chique qu’il se mit à mâcher énergiquement, et posa ses pieds, chaussés de grandes bottes crottées dans lesquelles étaient retroussés ses pantalons, sur le haut du poêle. Il me dit qu’il avait des chevaux qui galopaient et trottaient ; qu’il y avait des dames qui préféraient la selle mexicaine ; que je pouvais monter seule en toute sécurité. Après m’être informée de la route, je louai un cheval pour deux jours. Cet homme portait les insignes de pionnier, comme étant l’un des premiers settlers de la Californie ; il allait d’un endroit à l’autre, à mesure qu’un pays devenait trop civilisé pour lui ; « mais rien, ajouta-t-il, ne changera beaucoup à Truckee ». On me raconta ensuite qu’on n’observe point ici les heures habituelles et régulières de sommeil. Les logements sont trop restreints pour une population de deux mille âmes, principalement