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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/177

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

d’Ute », par laquelle j’espère gagner demain des régions plus élevées. Mais tout peut être « perdu faute d’un clou de fer à cheval » ! L’un des fers de Birdie ne tient pas, il n’y a pas de clous ici, et je ne puis m’en procurer avant d’avoir fait dix milles dans la passe. Birdie amuse tout le monde par ses drôles de manières. Elle me suit toujours de près, et, aujourd’hui, entrant dans une maison, elle a, en la poussant, ouvert la porte du parloir. Elle marche derrière moi, la tête sur mon épaule, me léchant le visage et me tourmentant pour avoir du sucre. Parfois, lorsque d’autres que moi prennent soin d’elle, elle se cabre, lance des ruades, et l’âme vicieuse du broncho paraît dans ses yeux. Elle a une jolie tête fine et fait un singulier petit hennissement de satisfaction quand je m’approche d’elle. Les hommes s’en occupent dans toutes les écuries, et l’appellent Mignonne. Elle monte et descend les côtes au galop, ne fait jamais de faux pas même dans les plus mauvais chemins, et il n’y a jamais besoin de la toucher avec le fouet.

Le temps est de nouveau admirable, le soleil est chaud, il n’y a pas un nuage au ciel et la neige est là-bas, dans les plaines et les vallées inférieures. Après le lunch, les X… dans un buggy et moi sur Birdie, avons laissé les sources du Colorado, en traversant la Mesa, colline élevée à sommet plat, avec une vue de rochers extraordinairement lamellés, de tranches de roc d’un vermillon vif, se détachant sur un fond de montagnes neigeuses dominées par le pic de Pike. Nous nous sommes alors enfoncés dans le caverneux Glen Eyrie, aux aiguilles fantastiques de rochers de couleur, et avons été reçus dans la demeure seigneuriale du