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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/18

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VOYAGE D’UNE FEMME

chement : trois selles de femme recouvertes de velours et presque sans fourches. Beaucoup de dames, me dit-il, se servaient de la selle mexicaine ; mais ici, aucune ne montait à califourchon. J’étais très-déconcertée. Je ne pouvais monter de la manière habituelle aux femmes, et j’allais abandonner mon projet, lorsque l’homme me dit : « Faites à votre idée ; si l’on peut, quelque part, faire ce que l’on veut, c’est bien à Truckee. » Bienheureux Truckee ! En un instant, un grand cheval gris fut harnaché avec une belle selle mexicaine rehaussée d’argent, une housse de peau d’ours noir et des glands de cuir qui pendaient à la garde des étriers. J’attachai ma jupe de soie sur la selle, déposai mon manteau dans le coffre à maïs, et j’étais en sûreté sur le dos de mon cheval, avant que son propriétaire eût eu le temps de chercher un moyen pour me faire monter. Ni lui, ni aucun des fainéants qui s’étaient rassemblés, ne montrèrent le plus léger signe d’étonnement, et ils étaient tous aussi respectueux que possible.

Une fois à cheval, mon embarras disparut, et je traversai Truckee, dont les maisons aux toits irréguliers et les cabanes plantées dans un lieu défriché, et serrées de près par la forêt et la montagne, semblaient être un campement provisoire. Je passai sous le chemin de fer du Pacifique et suivis, pendant près de vingt milles, les détours de la Truckee, rivière de montagne claire et impétueuse, dans laquelle étaient échoués d’énormes troncs de pins attendant la nouvelle crue pour être mis à flot. C’est une joyeuse et bruyante rivière d’eau glacée, qui ne laisse point de verdure dans sa course turbulente et dont les bords sont dépourvus