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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/182

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VOYAGE D′UNE FEMME

dée de peupliers du Canada, court à travers le Parc ; des chaînes basses y descendent. L’extrémité sud, mais à une distance considérable, est complétement fermée par la grande masse du pic de Pike, tandis que plus loin encore, de l’autre extrémité, s’élèvent des pics merveilleux, bleus et violets, dans le charme du soir ; derrière eux se détachent nettement sur le ciel vert et clair les sommets dentelés de la Snowy Range, que l’on dit être à 200  milles. Bergens-Park a été acheté par le docteur Bill, de Londres, mais il est occupé actuellement par M. Thornton, gentleman anglais, qui a pour régisseur un digne compatriote marié. M. Thornton est en train de bâtir une belle maison et se propose de construire d’autres cabins, dans l’intention de faire du Parc un rendez-vous pour les étrangers. Moi, je songeais à ce creux d’azur solitaire au pied du pic de Long, et je me réjouissais d’avoir eu la chance de le rencontrer.

La cabin est longue, basse, très-sombre, et a un toit de boue. Le milieu est rempli de morceaux de viande crue, de volailles et d’effets ; le fourneau, le lit, la vaisselle, une grande table de sapin, deux bancs et quelques escabeaux de bois occupent l’une des extrémités ; l’autre est habitée par le régisseur ou associé, sa femme et trois enfants ; il s’y trouve aussi un autre fourneau, toute espèce de choses, et des sacs de fèves et de farine. On tendit un drap pour faire une séparation, et l’on me fit un lit par terre sur le gravier. Dix hommes à gages vinrent prendre leur repas avec nous. Tout était grossier et inconfortable, mais cela semble plaire à M. Thornton, qui n’est pas seulement gentle-