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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/212

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VOYAGE D′UNE FEMME

demandai à une femme à l’air triste, appuyée sur la barrière, si elle pouvait m’indiquer le chemin de Golden City. Je répétai deux fois ma question avant d’avoir une réponse, et quand je l’obtins, elle laissait fort à désirer, quoique facile à comprendre. Cette femme me dit d’une voix plaintive : « Oh ! allez chez le ministre ; je pourrais peut-être vous le dire, mais c’est une trop grande responsabilité ; allez chez les ministres, ils vous le diront. » Puis elle se remit à pleurer quelqu’un dont elle croyait sans doute l’âme envolée dans la Ville d’or de nos espérances. Ces 16  milles que je parcourus après le coucher du soleil, et dans la fraicheur délicieuse de l’air du Colorado, me parurent n’en faire qu’un. Après deux jours de repos et avec un poids allégé, Birdie galopait à travers la prairie comme si elle y trouvait du plaisir. Je n’atteignis cette gorge que lorsqu’il était déjà tard, et ce fut seulement une heure après que la nuit fut venue que je trouvai mon chemin à tâtons dans cette ville minière, sombre et sans lumière, où je fus cependant assez heureuse pour trouver une écurie pour mon cheval et un logement pour moi.

Boulder, 16 novembre.

Je crains que les détails de ce journal ne finissent par vous fatiguer. Un voyage dans les montagnes Rocheuses, ainsi que leurs paysages, doivent sembler monotones à une personne tranquillement assise chez elle. Mais il n’en est point ainsi pour moi ; l’air sec et pur de la montagne m’est un élixir de vie. À Golden City, je me séparai pour quelque temps de mon fidèle