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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/214

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VOYAGE D′UNE FEMME

chaud et brillant, et que la neige ne reste jamais sur le sol de façon à nuire à la nourriture du bétail. Golden City, et surtout au dépôt, résonne de blasphèmes et de malédictions. Les Américains se laissent aller à jurer de la façon la plus atroce, et l’usage de blasphémer le nom du Sauveur est particulièrement révoltant. La ville est à l’entrée de Toughcuss, autrement dit Clear Creek Canyon, le plus beau paysage des montagnes pour beaucoup de gens, avec ses tours, ses détours merveilleux et ses flancs prodigieux, presque perpendiculaires ; il semble qu’à chaque instant on va être arrêté par de grandes masses de rochers et des montagnes couvertes de neige. Malheureusement, les pentes ont été presque entièrement déboisées, les travaux des mines ayant consumé la plupart des arbres. Le chemin de fer escarpé, à voie étroite, qui gravit le canyon pour la commodité des riches districts miniers de Georgetown, Black Hawk et Central City, est une curiosité de l’art de l’ingénieur. La voie a été en partie creusée par la mine sur les parois du canyon, et en partie construite en établissant, dans la crique elle-même, un lit de pierres sur lequel elle est posée en travers. Je n’ai jamais vu grossièreté et impolitesse pareilles à celles des employés de ce chemin de fer et des lignes de voitures qui s’y rattachent, pas plus que je n’avais constaté des prix aussi extravagants. Leurs petits wagons sont beaux ; mais, quoique les voyageurs eussent largement payé leur place, ils les ont mis dans le wagon aux bagages, sous prétexte que la saison était finie, de sorte que pour voir quelque chose je fus obligée de m’asseoir par terre, dans le