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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/226

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VOYAGE D′UNE FEMME

entourée de collines, à travers laquelle la Saint-Vrain court dans un fouillis de peupliers du Canada, de clématites et de plantes grimpantes desséchées qui, de leurs tons d’écarlate et d’or, égayaient, il y a deux mois, la vallée. Ensuite, le canyon avec ses flancs aux couleurs fantastiques ; puis la longue ascension à travers les splendides Foot-Hills, jusqu’aux passages de rochers à une altitude de 9, 000  pieds ; et 20 milles durant, pendant que l’on traverse treize chaînes de montagnes de 9, 000 à 11, 000  pieds, des canyons innombrables, des ravins et treize sombres cours d’eau, la vue s’arrête sur le paysage le plus sauvage et le plus merveilleux ; enfin, la descente par Gim’s Gulch jusqu’ici, le joyau des montagnes Rocheuses. C’était une excursion magique. J’allais très-lentement, le chemin est fort difficile pour les chevaux, surtout pour un cheval pesamment chargé qui vient d’accomplir un pénible voyage de plusieurs semaines. Après avoir fait 15  milles, je m’arrêtai au rancho où l’on prend habituellement les repas, mais il était vide, et le suivant également désert ; de sorte que je fus obligée d’aller à la dernière maison, où deux jeunes gens font un ménage de garçon. Il fallait me décider entre un repas pour moi, ou de la nourriture pour mon cheval, mais en apprenant ma cruelle pauvreté, l’un des jeunes gens me fit crédit « jusqu’à la prochaine fois ». Par l’ordre qui y règne, par un air de vie dans la propreté, c’est-à-dire tout le confort de celle-ci moins sa raideur, cette maison pourrait servir de modèle à toutes les femmes, comme les regards limpides de son propriétaire et le mâle respect de