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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/228

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VOYAGE D′UNE FEMME

nière et immense chaîne, dépassai le dernier et profond ravin et, mue par cet étrange besoin de la compagnie humaine, je montai droit au repaire de « Mountain Jim ». Aucune lumière ne brillait à travers les fentes, tout était silencieux. Je descendis donc tristement le Ginn’s Gulch, que remplissaient les bruits mystérieux de la montagne. Il faisait noir comme dans un four, bien que les étoiles brillassent au-dessus de ma tête. Peu après, j’entendis avec plaisir l’aboiement d’un chien ; je supposais qu’il indiquait la présence de chasseurs étrangers, mais, à tout hasard, j’appelai : « Ring ! » Une seconde après, le noble chien posait sur ma selle ses grandes pattes et sa belle tête, m’accueillant avec tous ces sons inarticulés, mais parfaitement compréhensibles, par lesquels les chiens accueillent leurs amis humains. Des deux hommes à cheval qu’il accompagnait, l’un était son maître ; je le reconnus à sa voix musicale et à la grâce de ses manières, car il faisait trop nuit pour le voir, quoiqu’il battit le briquet pour me montrer les fourrures de prix dont était chargé l’un des chevaux. Le desperado était tout heureux de me revoir ; il renvoya à sa cabin l’homme et le cheval chargé de fourrures, et revint avec moi chez Evans. Le froid était très-vif, et Birdie très-fatiguée. Nous avons mis pied à terre et marché pendant les trois derniers milles. Dès ses premières paroles, toutes mes espérances de réception confortable et d’un bon repas s’évanouirent. Les Edwards étaient partis la veille pour tout l’hiver, mais n’avaient pas traversé Longmount. La cabin était désorganisée, les provisions très-réduites, et deux jeunes gens,