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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/232

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LETTRE XIV


Promenade triste. — Une histoire de desperado. — « Perdu ! perdu ! perdu ! » — Les splendeurs de l’hiver. — Solitude. — Temps difficiles. — Une bande de loups. — Les digues de castors. — Paysages lugubres. — Tranches de venaison. — Nos soirées.


Estes-Park.

Je veux essayer d’écrire exactement, tels qu’ils se produisent, les petits événements de chaque jour. J’étais seule pour la seconde fois, quand M. Nugent entra ayant l’air très-sombre ; il me demanda de venir avec lui voir les digues de castors dans Black Canyon. Cette fois-ci, il ne chantait ni ne sifflait, ne parlait plus à sa belle jument, n’avait point de réparties étincelantes. Son humeur était aussi noire que le ciel, obscurci au-dessus de nos têtes par l’approche d’une tempête de neige. Jim était silencieux, frappait souvent sa monture, partait au grand galop, puis soudain, arrêtant court son cheval près du mien, il me dit : « Vous êtes la première personne qui, depuis bien des années, m’ayez traité comme un être humain. » Son humeur sombre le faisait parler ainsi, mais M. et Mrs Dewy, qui lui portent beaucoup d’intérêt, l’ont toujours traité comme un gentleman intelligent et raisonnable, et dans ses bons moments il les