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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/240

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une quantité de chevaux arrivèrent par longues files des canyons et des vallées où ils maraudent, leur instinct leur apprenant à chercher un lieu ouvert et la protection de l’homme. Aujourd’hui, j’étais seule dans la cabin, quand M. Nugent, que nous croyions dans la Snowy Range, est entré très-pâle, l’œil hagard, et toussant beaucoup. Il m’a offert de me montrer le chemin qui conduit à l’un des plus beaux canyons, et je n’ai pu refuser d’y aller.

La source de la rivière Fall a été complétement changée par les travaux des castors. Leur habileté d’ingénieur est merveilleuse. À un endroit, ils ont fait un lac en barrant le cours d’eau ; à un autre, leurs travaux ont créé une île, et ils ont établi aussi plusieurs chutes. Naturellement, leurs magasins sont soigneusement cachés ; dans ce moment, ils sont presque remplis pour l’hiver. Nous avons vu des quantités de jeunes peupliers et de trembles dont les troncs étaient presque de la grosseur de mon bras, gisant là où ces industrieux animaux les avaient fait tomber, tout prêts à être mis en œuvre. Ils travaillent toujours la nuit et de concert ; avec leurs dents longues et pointues ils rongent les arbres pour les abattre, mais ils font tout leur travail de maçonnerie avec leur queue plate en forme de truelle. À l’état naturel, leur fourrure est très-solide, aussi fournie de longs poils noirs que celle de la zibeline, mais lorsqu’on la vend, tous ces poils en ont été arrachés. Le canyon était splendide, ah ! plus beau que tout autre ! mais cette promenade fut triste et morne. Le passé mort avait enseveli sa victime ; pas une allu-