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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/242

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compris Birdie, et n’avons rien pour les attirer, pas un animal pour aller à leur recherche. J’avais mis moi-même ma grande jument dans le corral, et Kavan y avait mis la sienne après moi, en assujettissant les barres, mais les loups ont fait un nouveau carnaval la nuit dernière, et nous pensons que les chevaux auront été touchés et se seront enfuis épouvantés ; autrement, ils n’auraient point sauté par-dessus la clôture. Les hommes ont perdu une journée entière à aller à leur recherche. Au retour, ils me dirent qu’ils avaient vu M. Nugent rentrant à sa cabin de l’autre côté, par le gué inférieur de la Thompson, et paraissant avoir un effroyable accès, de sorte qu’ils étaient bien aises qu’il ne fût pas venu près de nous. La soirée fut sublime dans son obscurité.

L’après-midi était avancée, lorsque, ayant attrapé un cheval qui flairait les gerbes d’avoine, j’ai fait un temps de galop superbe sur la route de Longmount avec les deux grands chiens de chasse. En revenant je voyais, sous l’aspect effrayant de la tempête qui s’approchait, ce Parc que j’avais contemplé la première fois dans la splendeur d’un coucher de soleil d’automne. Toute vie avait disparu ; les libellules ne volaient plus aux rayons du soleil ; les peupliers avaient perdu leurs dernières feuilles ambrées ; les traînes cramoisies des vignes sauvages étaient dépouillées ; la rivière elle-même, retenue dans des entraves de glace, avait interrompu son murmure ; seules, quelques tiges de fleurs flétries rappelaient la gloire éphémère et brillante de l’été. Le Parc ne m’avait jamais paru si complètement enfermé ; sa solitude était terrible, et le