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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/244

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VOYAGE D′UNE FEMME

Souvent, tandis que j’essayais d’avaler un peu de lard salé, je regardais l’animal « tantalisant », mais il n’y fallait pas songer. Cependant, ce matin, les jeunes gens, sentant encore plus que moi les étreintes de la faim, et la perspective d’envoyer leur chasse à Denver devenant de moins en moins certaine, se décidèrent à découper un des flancs de la bête, si bien que tant qu’elle durera nous aurons un luxe de venaison. Nous croyons qu′ Edwards sera ici ce soir, mais s’il n’apporte pas de provisions, notre cas devient sérieux. La farine baisse, il n’y a de café que pour une semaine, et il ne me reste que trois pauvres onces de thé. Nous sommes convenus d’économiser en déjeunant très-tard, et en ne faisant que deux repas par jour au lieu de trois. Les jeunes gens sont allés à la chasse comme d’habitude ; moi, je suis sortie et ai trouvé Birdie ; avec elle, j’ai ramené quatre autres chevaux, mais la neige s’amassait tellement sous leurs sabots, que je suis sortie de nouveau à pied. J’ai traversé la rivière sur un pont de glace assez solide, et contemplé quelques vues nouvelles de cet endroit d’une grandeur si unique. Nos soirées sont très-agréables. Nous finissons de souper vers huit heures et faisons un feu énorme. Les hommes fument pendant que je vous écris, puis nous nous rapprochons du foyer, je prends mon éternel raccommodage, et nous causons ou lisons à haute voix. Mes deux compagnons sont très-intelligents ; M. Buchan a une instruction très-étendue et beaucoup de jugement. Naturellement, les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, la probabilité de la délivrance, la perspective d’être bloqués par la neige et