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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/262

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VOYAGE D′UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

diens ; lorsque les enfants sont méchants, les mères leur font peur, en disant que « Mountain Jim » va les prendre. Ses fautes sont manifestes, et cependant il est incontestablement séduisant et jouit d’une popularité ou d’une notoriété que personne ne possède. Il m’a offert de me servir de guide jusqu’aux plaines lorsque je partirai. Lyman m’a demandé si je n’avais pas peur d’être assassinée ; mais j’ai souvent entendu dire qu’on ne peut être plus en sûreté qu’avec Jim.

La rigueur de la température était vraiment excessive ; j’avais pris froid le matin, en mettant mes vêtements avant qu’ils fussent secs, aussi la chaleur du repaire enfumé était-elle fort agréable. Mais à la nuit, le retour fut effroyable ; le vent nous soulevait presque de dessus nos chevaux, chassait une neige fine qui nous aveuglait, et le mercure était descendu au-dessous de zéro. Je croyais que j’allais être obligée de garder le lit avec un rhume violent, mais les hommes m’indiquèrent un remède de trappeur (un grand verre d’eau chaude avec une poignée de poivre de Cayenne) qui me guérit promptement. Mes compagnons disent aimablement que si la neige me retient ici, ils resteront avec moi. Ils m’ont avoué qu’ils avaient été épouvantés en me voyant arriver, craignant de ne pouvoir me recevoir assez bien et que je n’eusse jamais été habituée à faire quelque chose moi-même. Nous nous sommes alors adressé des compliments à tour de rôle. Demain, si le temps le permet, je pars pour un voyage de cent milles, et ma prochaine lettre sera la dernière que vous recevrez des montagnes Rocheuses.