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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/281

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

de bois sur le feu pour l’entretenir pendant toute la nuit, car le mercure était à 10° au-dessous de zéro. Les étoiles brillaient, et un arc auroral nettement dessiné projetait ses éclairs fantastiques en illuminant tout le ciel au nord. Je n’étais cependant que dans les collines, et ne pouvais voir le beau pic de Long. Miller ayant lavé toute sa vaisselle, nettoyé ses pots et ses casseroles dix minutes après le souper, avait eu toute sa soirée pour fumer et se divertir. Une pauvre femme aurait probablement « tourné » jusqu’à dix heures pour faire la même besogne. Outre Ring, il y avait un chien énorme, demandant qu’on fit attention à lui, et deux grands chats qui passèrent toute la soirée sur les genoux de leur maître. Quelque froide que fût la nuit, la maison était bien close et les chambres très-chaudes. Je constatai même l’absence des courants d’air auxquels j’étais habituée. Telle fut ma dernière soirée dans ce qu’on peut appeler une région montagneuse. Le lendemain matin, dès que le soleil fut levé, nous sommes partis pour notre voyage de trente milles, que nous avons fait presque au pas, à cause du cheval qui portait mes bagages. Je ne voulais point croire que ce fût ma dernière excursion et ma dernière réunion avec l’un de ces hommes des montagnes, dans lesquels j’avais appris à avoir confiance et que j’admirais sous certains rapports. Plus de récits de chasseurs, contés alors que les nœuds de pins craquent et flambent ; plus de narrations émouvantes d’aventures avec les ours et les Indiens ; je n’entendrai plus jamais ce discours étrange de la nature et de ses œuvres, langage compris de ceux qui vivent avec elle, avec elle seule. Déjà