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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/285

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

soulagement, il les fit rester tranquilles et sages, les laissa jouer avec ses cheveux, ce qui ravissait les deux femmes, dont les regards ne le quittaient pas. À la fin, on servit un souper qui ne sentait pas bon, et dix hommes silencieux vinrent l’engloutir, en regardant Jim pendant tout le repas. Il ne semblait point y avoir d’espérance de tranquillité ; aussi sommes-nous allés au bureau de poste, et pendant que nous attendions des timbres, on nous fit entrer dans une jolie chambre où se faisait sentir la présence d’une femme comme il faut. Je n’avais point vu de pièce semblable dans l’Ouest ; la femme qui l’avait ornée était charmante et élégante ; elle fit naître une occasion pour me demander s’il était vrai que le gentleman qui était avec moi fut « Mountain Jim », ajoutant que quelqu’un d’aussi distingué ne pouvait être capable de tous les méfaits qu’on lui attribue. En revenant, nous avons trouvé la cuisine beaucoup plus tranquille, et, à huit heures, elle était débarrassée, ainsi que me l’avait promis la maîtresse de l’hôtel. Nous sommes restés seuls jusqu’à minuit, et entendions à peine la musique. Le bal était très-convenable ; c’est une réunion organisée tous les quinze jours par les settlers du voisinage, dont la plupart sont de jeunes ménages ; on n’y buvait pas du tout. J’ai passé quelque temps à vous écrire, tandis que M. Nugent copiait, pour lui, les poèmes « Dans le vallon », et la dernière partie de « La rivière sans pont », qu’il dit avec un sentiment profond. Tout était calme et paisible. Il me récita plusieurs poèmes de lui, qui ont un grand mérite, et me raconta beaucoup plus des circonstances de sa vie. Je savais que personne ne pouvait ou ne