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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/39

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

or ou pour argent, il ne pouvait trouver personne qui voulût faire quelque chose pour lui, pas même aller chercher les médicaments. La dame était bleue ; les crampes la faisaient cruellement souffrir. Le pauvre enfant, qui n’était pas sevré, hurlait pour avoir la nourriture * qui lui faisait défaut. J’essayai, en vain, de me procurer de l’eau chaude et de la moutarde pour faire des sinapismes, et, quoique j’aie offert à un nègre un dollar pour qu’il allât chercher les médicaments, il le regarda avec dédain, se mit à fredonner et dit qu’il était obligé d’attendre le train du Pacifique, qui ne devait pas arriver avant une heure. Ce fut aussi inutilement que je parcourus les rues de Cheyenne pour trouver un biberon. Pas un cœur maternel ne s’attendrit pour la mère sans secours et l’enfant affamé, et ma dernière ressource fut de tremper un morceau d’éponge dans un peu d’eau et de lait et d’essayer d’apaiser la pauvre petite créature. Après avoir appliqué des rigollots, je sortis pour me procurer des remèdes. L’hôte populaire (un célibataire) m’indiqua une jeune fille qui consentit, après de grandes difficultés, à se charger du baby et à soigner la mère moyennant deux dollars par jour. Je restai jusqu’à ce que cette dernière allât mieux, et je pris le train pour Greeley, settlement des plaines, qu’on m’avait recommandé comme point de départ pour les montagnes.

Fort Collins, 10 septembre.

J’ai éprouvé une sensation étrange en m’embarquant sur les plaines. Des plaines et des plaines encore ; des plaines généralement plates, mais se déroulant en lon-