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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/46

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VOYAGE D’UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

buffles, de daims, d’antilopes, et dans les montagnes, des ours, des loups, des daims, des lions, des bisons et des moutons. Dans chaque chariot on voit un fusil, les gens espérant toujours rencontrer du gibier.

Lorsque nous avons atteint le fort Collins, la chaleur du soleil m’avait rendue souffrante et donné des étourdissements ; aussi étais-je peu disposée à être satisfaite de cet endroit fort déplaisant. C’était autrefois un poste militaire, qui consiste maintenant en quelques maisons de bois édifiées récemment sur la plaine nue et brûlante. Les colons ont de « grandes espérances », mais qu’espèrent-ils ? Les montagnes ne semblent guère plus rapprochées qu’à Greeley ; on ne s’aperçoit de leur proximité que parce qu’on ne voit plus les pics les plus élevés. Il y a moins de punaises dans cette maison que dans celle de Greeley, mais elle est pleine de mouches. Ces nouvelles colonies sont absolument révoltantes ; uniquement utilitaires, vouées à parler dollars aussi bien qu’à les gagner. Les conversations sont grossières, la nourriture est grossière, tout est grossier ; il ne s’y trouve rien pour satisfaire des aspirations plus élevées, si elles existent ; rien sur quoi les yeux puissent se reposer avec plaisir. En outre de milliers de mouches noires, le plancher de l’auberge fourmille de sauterelles ; les premières couvrent le sol et s’élèvent en bourdonnant lorsqu’on marche.