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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/53

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

pendant la moitié de la nuit, car je vous assure que la solitude est assez effrayante. J’entends des bruits étranges (les loups) ; des remue-ménage sous le sol, des cris bizarres et des sons furtifs que je ne puis m’expliquer. L’une de ces nuits, une bête, un renard ou un skunk, est entrée par l’extrémité ouverte de la cabine et s’est sauvée par la fenêtre, me frôlant presque le visage ; une autre fois, à mon extrême dégoût, la tête et trois ou quatre pouces du corps d’un serpent sortaient, tout près de moi, d’une crevasse dans le sol. Comme miroir, j’ai l’intérieur poli du boîtier de ma montre. Au lever du soleil, Mrs Chalmers entre (si venir dans une hutte presque en plein air peut s’appeler entrer) et fait du feu, parce qu’elle me croit trop stupide pour le faire, et que ma chambre est celle de la famille. À sept heures, je suis habillée ; j’ai plié mes couvertures, balayé le plancher, et alors elle pose sur une caisse, près de la porte, du lait et du pain ou de la bouillie. Après le déjeuner, je tire une plus grande quantité d’eau, et lave un peu de linge en prenant soin qu’il n’y ait pas de témoins de mon inexpérience. Hier, un veau en le suçant me l’a mis en lambeaux. Je passe le reste de la journée à raccommoder, à tricoter, à vous écrire, et à m’occuper de toutes les choses indispensables quand il faut tout faire soi-même. À midi et à six heures, on pose le repas sur la caisse près de la porte, et quand la nuit commence à tomber, nous faisons nos lits. Une malheureuse émigrante vient d’accoucher dans une cabane provisoire près de la rivière, et je vais la soigner tous les jours. J’ai fait la connaissance de tous les colons usés par les luttes et