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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/57

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VOYAGE D'UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

assiettes ; mais Mrs Chalmers, avec un regard qui en disait plus long que les paroles, un mouvement du nez et un accent ironique, me dit : « Vous ne pourriez pas travailler plus que vous ne faites : ces mains-là (mes mains étaient hâlées et abîmées) ne sont bonnes à rien. Je parie qu’elles n’ont jamais rien fait. » ― Puis, s’adressant à sa disgracieuse fille : « Cette femme voudrait laver la vaisselle ! Ha ! ha ! Regarde ses bras et ses mains ! » Voilà ce que, chez les Chalmers, j’ai entendu qui s’approchât le plus du rire, et jamais je ne les ai vus sourire. Depuis lors, j’ai gagné dans leur estime en improvisant une lampe hawaïenne, c’est-à-dire en plaçant une mèche dans de la graisse. Maintenant on condescend à veiller jusqu’à ce que paraissent les étoiles. J’ai fait une autre avance au moyen d’un couvre-pieds d’un modèle en forme de coquilles que je tricote pour vous ; on a manifesté une tendance à le trouver bien, et, il y a quelques jours, la jeune fille me l’a arraché des mains en disant : « J’en ai besoin ! » Selon toute apparence, elle l’a emporté au camp ; il résulte de ceci que j’ai une classe de tricot, et, pour élèves, Mrs Chalmers, sa fille mariée et une femme du camp. J’ai gagné, d’ailleurs, du terrain avec l’homme, parce que je suis capable d’attraper un cheval et de le seller. Mon distique favori me revient souvent à l’esprit :


« Gardez-vous des actes désespérés ; le jour le plus sombre
Ne dure que jusqu’au lendemain ; alors il est passé. »


Mais que cette existence avec laquelle je suis maintenant en contact est triste et étroite ! Les seuls mobiles élevés sont une religion mesquine et peu attrayante,