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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/63

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

verdure perpétuelle des Hawaï du vent. ― Je ne revins à la hutte que tard dans l’après-midi. Pendant la soirée, j’ai entendu, deux heures de suite, injurier mon pays et condamner, sans exception, tous les religionistes en dehors de la confrérie des chanteurs de psaumes. C’est agaçant et pénible ; cependant, je dirai de Chalmers ce que le docteur Holland dit d’un autre :

« Si je parviens jamais à cette demeure céleste,
Où j’espère humblement trouver un repos précieux,
Je suis sûr de rencontrer le vieux Daniel Gray,
Dans la grande compagnie des pardonnés. »

La nuit est venue sans fraîcheur ; mais lundi matin, au point du jour, le feu était agréable. Vous avez maintenant quelque idée du milieu où je me trouve. La vie de ces gens est morale, mais âpre et froide, écrasante. Il y a chez eux un manque du confortable et de l’élégance qu’on ne trouve que chez des gens de souche britannique. Un « étranger » remplit sa cabane de jolies choses. L’Hawaïen ou l’insulaire des mers du Sud sait rendre sa maison d’herbe charmante. Ajoutez à ce qui m’entoure un grand canyon infranchissable par le haut et par le bas, et des murailles de montagnes s’ouvrant à quelques milles plus loin, sur la vaste mer des prairies.

Un médecin anglais s’est établi sur une colline située à un demi-mille d’ici. On dit qu’il a des opinions avancées. Chalmers se moque de lui, parce que c’est « un Anglais à tête dure » ; qu’il est poli, courtois, etc. Ici, dire qu’un homme est « poli », c’est lui faire une insulte. On accuse aussi ce docteur d’avoir des idées subversives de toute moralité. Malgré cela, comme je