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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/79

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VOYAGE D′UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

m’ont affaiblie. Cependant les circonstances ne permettent pas de « faire des embarras », et je crois, en vérité, que les déchirures de mon habit de cheval seront l’affaire la plus importante de l’accident.

Ici, tout ce qui m’entoure est charmant. La log-cabin, au-dessus de laquelle on a construit une pièce que surmonte un toit suisse, est dans une vallée, près d’une rivière impétueuse et limpide, sortant un peu plus haut d’un ravin inaccessible d’une beauté sublime. L’un des côtés de la vallée est formé de falaises et de terrasses d’un porphyre aussi rouge que la plus rouge des briques, et qui brillent au coucher du soleil d’une lueur de vermillon. À travers les fentes des montagnes les plus rapprochées, on aperçoit les pics revêtus de pins, qui passent, au crépuscule, par toutes les nuances du pourpre et du violet. Le ciel et la terre s’unissent pour créer chaque soir un pays de merveilles : — de riches coloris veloutés, cramoisis et violets : un ciel vermillon orange et vert ; des nuages d’écarlate et d’émeraude ; une pureté d’atmosphère et une sécheresse extraordinaires. Comme couleur, les montagnes Rocheuses dépassent tout ce que j’ai vu. Ces jours-ci, l’air était froid, mais le soleil chaud et brillant.

L’histoire de mon hôte est triste ; elle montre quelles personnes ne doivent pas venir au Colorado. Ni lui ni sa femme n’ont encore trente-cinq ans. Fils d’un médecin de Londres qui a une grande clientèle, il a reçu une éducation libérale dans le sens le plus étendu du mot ; il a l’esprit très-cultivé et du talent. Associé d’un médecin bien posé dans la seconde ville de l’Angleterre, il éprouva des symptômes qui le menaçaient de phtisie.