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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/94

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VOYAGE D′UNE FEMME

obligés de marcher dans le lit des torrents qui les avaient creusées, en contournant la base de colossales pyramides de rochers couronnés de pins, nous conduisent à de beaux « parcs » où le toxicodendron formait des taches écarlates. Ces parcs étaient si bien formés par la nature, qu’à tout moment je m’attendais à trouver quelque superbe château. Mais ce jour-là, ils appartenaient tout à fait aux geais bleus huppés et aux écureuils. Aux heures matinales, c’est ici que viennent paître le daim et l’élan magnifique ; c’est là que, pendant la nuit, rôdent et grondent le lion des montagnes Rocheuses, l’ours gris et le loup poltron. La beauté s’unissait à la grandeur, l’une pour troubler, l’autre pour inspirer un sentiment d’effroi ; ravins d’une profondeur immense que le bleu foncé des pins faisait paraître sombres ; montagnes au sommet desquelles la neige étincelait ; rivières paisibles et lacs ombragés ; fraches profondeurs d’ombre ; montagnes encore, avec leurs pins épais et leurs groupes de trembles brillant comme de l’or ; vallées où le peuplier jaune se mélangeait au chêne rouge, et ainsi de suite à travers les ombres qui s’allongeaient, jusqu’à ce que le sentier, qui par endroits était à peine visible, se dessinât nettement et que nous soyons entrés dans un long ravin aux larges ondulations herbeuses entourées de pins.

Une très-jolie jument entravée y paissait, un chien de berger aboya après nous, et parmi les buissons, à peu de distance du chemin, se trouvait une }log-cabin grossière, noire, aussi rustique que peut être un abri et dont la fumée sortait par le toit et la fenêtre. Nous nous