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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/97

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

n’êtes pas Américaine ; j’ai reconnu à votre accent que vous êtes une compatriote. J’espère que vous m’accorderez le plaisir de vous aller voir. » Cet homme, connu dans tous les territoires et au delà sous le nom de « Rocky Mountain Jim » (Jim des montagnes Rocheuses), par abréviation, Mountain Jim, est l’un des fameux éclaireurs des plaines et l’original de plusieurs héros d’aventures de roman des guerres indiennes. D’après ce que j’ai entendu dire, c’est un homme pour lequel il n’y a plus de place à présent, car dans cette partie du Colorado, le temps des luttes sanguinaires est passé, et la renommée de maints exploits audacieux est souillée de crimes qu’on ne pardonne pas facilement ici. Il a maintenant un droit de squatter, mais gagne sa vie en faisant le métier de trappeur, et c’est tout à fait un enfant des montagnes. Il ne semble pas y avoir de doutes sur sa chevalerie envers les femmes ni sur sa remarquable intelligence, mais c’est un être désespéré, sujet à de mauvais accès pendant lesquels il est bon de l’éviter. On regrette qu’il se soit établi à l’entrée de l’unique issue du Park, car il est dangereux avec ses pistolets, et le chemin serait plus sûr s’il n’était pas là. Mon hôte, dans le verdict qu’il a prononcé sur lui, a indiqué son péché habituel : « Quand Jim est sobre, c’est un parfait gentleman : mais quand il a bu, c’est le plus terrible bandit du Colorado. »

Du sommet où aboutit ce ravin, à une altitude de 9 000  pieds, nous avons enfin aperçu Estes-Park, à 1 500  pieds plus bas, dans la gloire du soleil couchant ; c’est un bassin irrégulier animé par les eaux brillantes