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VIE ET ŒUVRE

Fuchs de Gœthe, et enfin, à la même époque, il note la pensée suivante :

« Elle est étrange ma religion et la religion de notre temps, la religion du progrès ! On dit seulement à l’homme que le progrès est le bien ! Ce n’est que l’absence de croyance, et le besoin de l’activité inné transformé en croyance. L’homme a besoin d’un stimulant Schwung. Oui ! »

Cette idée reçut son entier développement, comme nous le verrons plus loin, dans les œuvres pédagogiques ainsi que dans l’analyse de soi, dans les Confessions.

Les amis de Tolstoï suivaient avec une grande attention son activité littéraire et envisageaient avec une indulgence un peu railleuse « sa bêtise et son originalité », car la plupart ne comprenaient pas ces manifestations du travail profond, intérieur, de Léon Nikolaievitch.

Ainsi Botkine, écrit entre autres à Fet, le 6 mars 1860 : « Par la lettre de Tourgueniev, j’ai appris avec joie que Léon Tolstoï s’est remis à son roman du Caucase. Quelques sottises qu’il fasse, je dirai toujours que c’est un homme doué d’un très grand talent, et pour moi chacune de ses bêtises a plus de valeur que les actes les plus raisonnables et les plus sages des autres[1]. »

Tourgueniev était de même opinion. Voici l’extrait d’une de ses lettres à Fet, de cette même année :

« Léon Tolstoï continue de faire l’original. C’est

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 324.