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LÉON TOLSTOÏ

sa revue, il n’avait pas le droit de donner ses écrits exclusivement au Sovremennik. Mais comme sociétaire de cette revue, il n’avait pas non plus le droit de promettre un travail pour la revue de Katkov. Sa nature faible, accommodante, cette fois lui avait rendu un mauvais service. Tolstoï intercéda pour son ami. Il écrivit à Katkov une longue lettre pour justifier Tourgueniev : « La douceur du caractère de Tourgueniev, son amabilité, écrivait-il, l’ont amené à promettre des deux côtés. » Il demandait à Katkov de publier cette lettre. Katkov y consentit, mais à la condition de publier aussi sa réponse, et il envoya à Tolstoï le brouillon de sa lettre. Mais cette réponse était telle que Tolstoï préféra renoncer au rôle de médiateur[1]. »

Cette organisation du Sovremennik ne fut pas de longue durée, et elle devint bientôt semblable à celle de toutes les autres revues.

Tolstoï ne trouva déjà plus Belinski au Sovremennik. Belinski était mort en 1848, après avoir beaucoup travaillé à la prospérité de la revue. Son ardeur enthousiaste avait insufflé une âme à cette revue mourante, et fortifié pour longtemps son existence. Mais on ne remarque pas en Tolstoï l’influence directe de Belinski.

L’une des raisons de ce fait c’est simplement la différence des époques. Belinski était un homme des années quarante au sens le plus complet du mot, et Léon Nikolaievitch ne parut dans le monde lit-

  1. Löwenfeld, le Comte L.-N. Tolstoï, édition russe, page 125.