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VIE ET ŒUVRE

fait sentir dans toute l’histoire de la pédagogie. Elle est générale parce que tous exigent la plus grande liberté pour l’école ; elle est contradictoire parce que chacun prescrit des lois basées sur sa propre théorie, et, par là, entrave la liberté[1]. »

L’expérience pédagogique peut encore moins nous convaincre de la légitimité de la contrainte pédagogique. Sauf que l’expérience elle-même est triste, l’école étourdit l’enfant et déforme ses capacités intellectuelles. Elle arrache l’enfant à sa famille, à l’époque la plus précieuse de son développement, elle le prive de liberté et le transforme en une « créature comprimée, tourmentée, à l’air fatigué et craintif, qui ne répète que les paroles d’un autre dans la langue d’un autre ». En outre, l’expérience scolaire, en réalité, ne donne rien, parce qu’elle s’opère dans des conditions anormales qui détruisent la possibilité de l’expérience.

« Il nous semble, continue Tolstoï, que l’école devrait être un instrument d’instruction et, en même temps, une expérience pratique sur la jeune génération qui fournirait toujours de nouveaux résultats.

« Quand l’expérience sera la base de l’école, quand chaque école sera, pour ainsi dire, un laboratoire pédagogique, alors seulement elle ne restera pas en arrière du progrès général, et l’expé-

  1. Id., pp. 12-13.