Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
LÉON TOLSTOÏ

« Le maître. — Mais, en Russie aussi, il y a des provinces où il n’y a que des Allemands. Par exemple, Ivan Fomitch est de là, et cependant ces provinces, c’est la Russie. Pourquoi cela ? (Silence.) Parce qu’ils obéissent aux mêmes lois que les Russes.

« L’élève. — Comment, à la même loi[1] ! Les Allemands ne vont pas à notre église et ne font pas le carême.

« Le maître. — Ce n’est pas de cette loi qu’il s’agit ; ils obéissent au même roi.

« Siomka, un élève sceptique, — C’est étrange ! Alors ils ont d’autres lois et obéissent au même roi !

« Le maître sent la nécessité d’expliquer ce que c’est que la loi et il demande ce que signifie : « Obéir à la loi, être sous la même loi. »

« Une élève, fillette très indépendante qui parle vite et craintivement. — Subir la loi, ça signifie se marier[2].

« Les élèves regardaient interrogativement le maître. Celui-ci commence à expliquer que la loi, c’est, par exemple, que si quelqu’un vole ou tue, on le met en prison et on le punit.

« Le sceptique Siomka. — Est-ce que cela n’existe pas chez les Allemands ?

« Le maître. — La loi, c’est encore qu’il y a chez

  1. Le mot « loi » est aussi employé dans la langue populaire pour désigner la religion. N. T.
  2. L’expression populaire : « subir les lois religieuses, » équivaut à « se marier ». N. T.