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VIE ET ŒUVRE

Si, en ce moment, la redoute de Schévardine ou le mamelon de Malakhov eût été devant nous, nous l’eussions repris.

« Il était tard quand je terminai. D’habitude les enfants dorment déjà ; personne ne dormait, les « coucous » mêmes avaient des yeux brillants. Dès que je me levai, à mon grand étonnement, de dessous ma chaise sortit Taraska, à la fois animé et sérieux ; il me regarda. — « Comment te trouves-tu ici ? » — « Il y était depuis le commencement », dit quelqu’un. Il n’était point nécessaire de demander s’il avait compris. On le voyait à son visage. — « Eh bien, veux-tu répéter ? » demandai-je. — « Moi ! Je raconterai tout ! » — « Je raconterai tout à la maison. » — « Et moi aussi. » — « Vous ne continuerez plus ? » — « Non. » Et tous coururent dans l’escalier, tantôt se promettant de « faire voir » aux Français, tantôt blâmant l’Allemand, tantôt répétant comment Koutouzov l’avait rossé.

« — Sie haben ganz Russisch erzæhlt (Vous avez raconté en vrai Russe), me dit le soir l’Allemand qu’on avait conspué ; si vous entendiez comment l’on raconte cela chez nous. — Vous n’avez rien dit de la lutte des Allemands pour la liberté. Sie haben Nichts gesagt von den deutschen Freiheitskampfen.

« J’étais d’accord avec lui que mon récit n’était pas de l’histoire, mais un conte flattant le sentiment national.

« Ainsi cette tentative, comme enseignement de