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VIE ET ŒUVRE

il ne le fit jamais. Son récit nous avait tellement touchés que nous marchions à travers la chambre et pleurions. »

C’est vers cette époque que Tolstoï se réconcilia avec Fet, on se rappelle qu’il s’était brouillé avec lui à propos de son histoire avec Tourgueniev. Voici comment Fet parle de ce renouvellement de leurs relations amicales.

« Si ma mémoire, qui conserve si fidèlement non seulement les événements importants de ma vie, mais même des paroles prononcées dans un moment quelconque, n’a pas gardé le souvenir des circonstances dans lesquelles furent renouvelés mes rapports amicaux avec Tolstoï, après sa lettre irritée, cela prouve seulement que sa colère contre moi était comme une forte grêle de juillet, qui fond d’elle-même ; je crois toutefois que l’affaire ne s’arrangea pas sans l’intervention de Borissov. Quoi qu’il en soit, Léon Nikolaievitch parut de nouveau à notre horizon et, avec la passion propre à lui, se mit à me parler de la connaissance avec la famille du docteur Bers. Acceptant la proposition du comte de me présenter à la famille Bers, je trouvai, en la personne du docteur, un charmant homme du monde ; sa femme était une brune majestueuse qui, évidemment, donnait le ton à la maison. Je m’abstiendrai de la description des trois jeunes filles ; la cadette avait une magnifique voix de contralto. Toutes, malgré la sévérité de la mère et une éducation irréprochable, possédaient cette