Aller au contenu

Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

termes violents, et retourne à Fontainebleau. Alors les généraux se rassemblent. Faut-il ordonner un mouvement sur Versailles ? Napoléon est-il homme à pardonner à ses généraux d’avoir manqué de foi en son destin ? Le général Souham se prononça pour la défection d’une manière formelle. Déjà compromis dans une conspiration, que Napoléon avait découverte, il avait un motif particulier de redouter sa colère. Le général Compans demandait qu’on ne précipitât rien, et qu’on attendît au moins le retour de Marmont. « Prenez garde, s’écria le général Bordesoulle, en parlant de l’Empereur, vous ne connaissez pas le tigre ; il aime le sang il nous fera fusiller. » L’ordre de la marche fut donné aux troupes !

Le colonel Fabvier avait reçu du duc de Raguse le commandement des avant-postes placés sur les hauteurs du côté de Paris. Ne comprenant rien au mouvement qui se faisait autour de lui, il traverse le pont d’Essonne, au milieu des troupes d’infanterie qui roulaient en désordre. Autour d’un feu allumé près d’un cabaret, à la gauche du pont, il aperçoit les généraux Souham et Bordesoulle[1]. Il s’avance vers eux, et demande au premier d’un ton respectueux ce qui signifie le mouvement imprimé

  1. Il existe une lettre du général Bordesoulle, dans laquelle il déclare que, de concert avec tous les généraux présents à Essonne, un seul excepté, le général Lucotte, il a fait exécuter le mouvement sur Versailles, contrairement aux ordres du duc de Raguse.