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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/102

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néral orangistes. Malgré tout cela, attirer la Belgique à nous n’eût pas été au-dessus des efforts d’une diplomatie habile. Entre le parti catholique et le parti libéral il existait en germe des divisions qui devaient éclater plus tard et dont on pouvait profiter. L’hostilité des nobles ne s’appuyait pas sur des forces assez réelles, pour qu’il fut imprudent de la dédaigner. Le penchant des industriels pour le prince d’Orange n’ayant d’autre principe que leur égoïsme mercantile, on leur aurait fait comprendre sans peine tout ce qu’ils allaient gagner à voir nos marchés s’ouvrir à leurs produits. La séparation de la Hollande et de la Belgique, combinée avec la royauté du prince d’Orange, ne pouvait être pour les Belges qu’une dépendance déguisée, et laissait perpétuellement suspendue sur leurs têtes la menace du joug hollandais. La Belgique, après tout, n’avait-elle pas été française ? N’était-ce pas la langue des Français que parlait toute la partie influente et éclairée de la nation belge ? Les provinces Wallonnes n’étaient-elles pas françaises par le cœur ? Si Bruxelles craignait de décheoir en devenant simple chef-lieu de département, n’était-il pas possible de la gagner en stipulant qu’elle deviendrait la résidence d’un prince français et la capitale d’une division administrative de la France ?

Voilà ce que pensaient les hommes que touchait la grandeur de leur pays. Mais ils avaient à combattre des intérêts puissants et obstinés. Parmi les industriels français, beaucoup redoutaient, dans le cas d’une réunion, la concurrence des fabricants de la Belgique, préférant de la sorte à l’intérêt national