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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/109

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Le profit en était pour eux, tout le danger pour la France. L’empereur de Russie considéra là nomination de M. de Talleyrand comme une sorte de déclaration de guerre. Il ne lui était plus permis de douter du changement qui allait s’introduire, sous Louis-Philippe, dans la diplomatie de l’Europe, relativement à la question d’Orient. Toutefois, comme il n’était pas encore prêt pour la guerre, il crut devoir temporiser avec sa haine, dont la lettre suivante, toute méprisante quelle était, ne présentait encore qu’une expression adoucie :

« J’ai reçu des mains du général Athalin la lettre dont il a été porteur. Des événements à jamais déplorables ont placé votre majesté dans une cruelle alternative. Elle a pris une détermination qui lui a paru la seule propre à sauver la France des plus grandes calamités, et je ne me prononcerai pas sur les considérations qui ont guidé votre majesté, mais je forme des vœux pour que la Providence divine veuille bénir ses intentions et les efforts qu’elle va faire pour le bonheur du peuple français. De concert avec mes alliés, je me plais à accueillir le désir que votre majesté a exprimé d’entretenir des relations de paix et d’amitié avec tous les états d’Europe. Tant qu’elles seront basées sur les traités existants et sur la ferme volonté de respecter les droits et obligations ainsi que l’état de possession territoriale, qu’ils ont consacrés, l’Europe y trouvera une garantie de la paix, si nécessaire au repos de la France elle-même. Appelé conjointement avec mes alliés, à cultiver avec la France, sous son gouver-