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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/171

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compagnonnage, le peuple. C’était surtout à Varsovie, et dans corporation des savetiers de la vieille ville, que vivait l’esprit révolutionnaire. Or, après la révolution de juillet, cette agitation avait pris un caractère étrange, et s’était partout répandue. Bientôt, il se fit entre l’université de Cracovie et celle de Wilna un redoutable échange de sentiments courageux et d’espérances hardies. Dans toute l’étendue des palatinats, les esprits obéissaient à l’empire d’une inquiétude vague, mystérieuse, et par cela même plus ardente. Les nobles ruinés, si nombreux en Pologne, s’armaient pour des luttes inconnues ; l’attente était universelle, profonde et des bords de la Vistule à eaux du Niémen, on taillait des bois de lances.

Mais, au centre de ce vaste mouvement, s’était formée une conjuration dont le but était précis et les moyens habilement combinés. Les conjurés appartenaient à l’école des porte-enseignes, comptaient parmi eux plusieurs officiers de la garnison de Varsovie, et avaient à leur tête deux jeunes sous-lieutenants, Wysocki et Zaliwski : le premier, puissant sur la jeunesse par la fermeté de son caractère, la pureté de son âme, la dignité de sa vie ; le second, par la fougue de ses allures, son activité, sa persévérance, son audace. Zaliwski, nageur renommé, dirigeait l’école de natation du Marymont, près de Varsovie : là se réunissaient les conjurés. Il fut convenu qu’on éclaterait vers la fin de février 1831. Tout-à-coup, arrive un édit impérial qui ordonne que l’armée polonaise soit mise sur le pied de guerre. À cette nouvelle, la Pologne tout entière s’émut. Nul n’y