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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/325

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blant d’injures et de mauvais traitements. Plusieurs d’entr’eux furent grièvement blessés. M. Ruffini[1] reçut deux coups de baïonnette.

La journée du 4 février fut pour la ville de Modène une journée de deuil. Mais le lendemain on y apprenait qu’une insurrection venait d’éclater à Bologne, et le duc de Modène, après avoir fait brûler ses papiers secrets, prenait tout tremblant la route de Mantoue, suivi de l’infortuné Menotti : il devait plus tard s’assurer de la discrétion du conspirateur en le livrant au bourreau.

De Bologne, la révolution s’étendit rapidement dans toute la Romagne. Quelques jours s’étaient à peine écoulés que déjà le drapeau tricolore était arboré à Pérouse, à Spoleti, à Foligno, à Terni ; l’insurrection embrassait la province de l’Ombrie, celle de Trasimène ; le cardinal Benvenuti, légat à latere, tombait, à Cosimo, au pouvoir des insurgés ; Ancône se rendait sans coup-férir aux braves colonels Sercognani et Armandi ; enfin, Marie-Louise fuyait ses états que l’incendie avait gagnés. Bientôt l’étendard glorieux de la jeunesse italienne flotta sur les hauteurs d’Ottricoli, à quinze lieues de Rome, et la terreur fut au Vatican.

Malheureusement, le peuple applaudissait à la révolution sans se passionner pour elle. A demi satisfait de sa destinée dont la honte n’était pas de nature à frapper ses regards, il était plus disposé à saluer au passage ses libérateurs qu’à se faire parmi eux un rôle actif et violent. Les chefs man-

  1. C’est de M. Ruffini lui-même que nous tenons quelques-uns des détails qui précèdent.